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Cette gravure de 33,2 sur 39,8 cm, porte le titre de Delinatio Ludi Publici Gladiatorii Urbis et Academiae Lugdunensis apud Batavos (Il en existe plusieurs exemplaires comme celui du British Museum ou celui des archives de Leyde).

Elle nous montre donc la salle d'arme de l'université de Leyde. Elle est datée de 1610.

Elle fait partie d'une série de quatre gravures montrant l'Université de Leyde à cette époque.

 

Ces gravures portent la marque de :

Jan Cornelis Woudanus (dessinateur et graveur reconnu, 1570-1615)

Willem van Swanenburg (dessinateur et graveur de Leyde, 1580-1612)

Andreas Cloucquius (éditeur à Leyde)

Les 3 autres gravures de la série ici.

L'université de Leyde avait une grande renommée. Les délices de Leide, une des célèbres villes d'Europe, imprimé à Leyde en 1712, montre comment était organisée cette université, et ce qu'elle recélait. 

Un autre ouvrage édité en 1613 par Andreas Cloucquius cité plus haut montre les personnages illustres de cette université.

On y retrouve notamment Daniel Heinsius, qui signa un épigramme sur l'Académie de L'Espée. Aucune référence cependant à Ludolph van Ceulen, pourtant professeur de mathématiques au sein de cette université et particulièrement intéressant pour nous puisqu'il cumulait officiellement les fonctions de professeur de mathématiques et de maître d'armes.

 

Cette gravure, datée de 1610, représente la salle d'arme de Ludolph van Ceulen, maître d'arme de l'école d'ingénieurs militaires attachée à l'université de Leyde.

Nous ne savons pas le type d’escrime qu’il pratiquait. Au fond à gauche, les dussacks signent le caractère germanique de l'environnement et probablement donc également d'une partie de l'enseignement.

Mais cette gravure nous montre également plusieurs choses intrigantes :

- des escrimeurs en position de droite ligne, des assujettissements d'épée...

- un cercle dessiné sur le sol.

Un article de Matthew Howden tente d'opérer la comparaison entre le cercle de Leyde et celui de Gérard Thibault, ici. Mais nous constatons qu'en opérant une rotation de 45° du cercle de Leyde, nous obtenons un diagramme incroyablement proche de celui de Gérard Thibault.

A quoi correspondent donc ces éléments avant que ne soit connue l'escrime de Gérard Thibault? Etait-il déjà là et y aurait-il alors des erreurs de chronologie? S'est-il inspiré d'une escrime déjà pratiquée à Leyde en 1610? Ou tout du moins d'un support pédagogique?

Ludolph Van Ceulen était mathématicien, spécialiste du cercle, et était en relation avec de nombreux autres mathématiciens. La géométrie euclidienne, la trigonométrie, l'algèbre étaient des sujets d'étude quotidiens. Serait-ce là une voie de recherche? Ou un contact avec des escrimeurs espagnols, militaires déployés aux Pays-Bas et initiés par Carranza ou des disciples immédiats?

Y aurait-il un lien avec l’escrime de Pieter Bailly, le père de David Bailly, le célèbre peintre?

Pieter Bailly est né à Anvers en 1554. Il est mort à Amsterdam après 1604.

A Anvers, il était maître d'écriture.

En 1578, peut-être en raison de l'occupation espagnole, on le retrouve comme huissier à l'université de Leyde. Il gardera cette fonction officielle jusque sa démission en 1597. Cette année-là, il réalise la calligraphie du texte écrit par pour l'inscription le fronton de la porte de la nouvelle mairie de Leyde. Il côtoyait Jan van Hout (Leyde, 1542 - 1609, poète qui occupa également des fonctions officielles à la ville de Leyde et à son université). Après sa démission du poste d'huissier, Il devient l'assistant dans la salle d'arme de Ludolph van Ceulen.

En 1602, il quitte Leyde. Ludolph van Ceulen n'aurait pas apprécié le fait que Pieter Bailly puisse lui faire de la concurrence et aurait fait valoir son bon droit d'être le seul maître d'arme. Pieter Bailly se rend alors à Amsterdam où il fut maître d'arme. Il est également l'auteur d'un petit traité qu'il dédia à Maurice de Nassau. C'est un traité manuscrit qui apparaît dans le catalogue de la collection en 1608. Il fut donc écrit entre 1602 et 1608. Ce petit manuscrit Cort Bewijs' Van t'Rapier alleen. Wat veranderingen úijt het verset vanden buijten steeck connen geschieden, met de tegen-veranderinge van dien, est conservé à la Bibliothèque Royale de La Haye sous la côte KW 72 F 37. Il est ici dans une traduction anglaise de Reinier van Noort (complément bibliographique : ici).

Pas de filiation dans l'escrime de Gérard Thibault, mais on retrouve dans le traité - et si l'on considère une proximité entre les escrimes de Ludolph van Ceulen et celle de Pieter Bailly -  des déplacements avec des angulations qui auraient pu bénéficier de supports visuels à terre.

L'énigme reste pour l'instant entière. Mais, à en juger par le contenu du livre de Johannes Georgius Bruchius (1630-1717), maître d'arme de l'université de Leyde de 1660 de 1671, publié en 1671, l'escrime de Gérard Thibault n'aura pas laissé un souvenir impérissable.

 

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